Burundi : Lasource24 alerte sur la détresse des déplacés et étudiants Congolais, pris au piège des mesures restrictives à Bujumbura.

Depuis la prise de Bunagana, Goma et récemment Bukavu à l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) par le groupe armé M23/AFC, une crise humanitaire majeure s'est installée. Les affrontements entre ce mouvement rebelle et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont engendré des déplacements massifs de populations. Ces dernières fuient sous le feu des armes, des explosions de bombes et des violences incessantes, laissant derrière elles des pertes humaines, matérielles et financières considérables. Selon les Nations unies, plus de 2 900 morts et 500 000 déplacés ont été recensés depuis janvier 2025,

Déplacement des populations vers le Burundi

Face à cette situation dramatique, de nombreux Congolais ont cherché refuge dans des pays voisins tels que la Tanzanie, Kalemie mais plus particulièrement au Burundi. Bujumbura, capitale économique du Burundi, située au sud-est de la RDC, est devenue l'une des principales destinations pour ces déplacés de guerre. Cependant, la gestion de cet afflux par les autorités burundaises soulève des préoccupations croissantes.

Malgré une position affirmée du Burundi comme allié de la RDC dans la lutte contre l'agression rwandaise et ses alliés du M23/AFC, déployant plus de 10 000 soldats en appui aux FARDC, le pays semble adopter des mesures restrictives envers les déplacés congolais. Ces mesures risquent de compliquer la gestion de la crise humanitaire.

Des mesures restrictives à la frontière et dans les quartiers

Depuis le 10 février, les autorités burundaises ont mis en place des opérations d’embarquement systématique à la frontière reliant Uvira en RDC au Burundi. Tout Congolais traversant cette frontière est désormais transporté par camion vers des camps de réfugiés, et la sélection est plus masculine que féminine. Cette approche, perçue comme arbitraire, a dissuadé certains déplacés de chercher refuge au Burundi, estimant que leur séjour y serait précaire et peu sécurisé.

Dans les jours qui ont suivi, les mesures se sont intensifiées au sein des quartiers populaires de Bujumbura tels que Kamege, Chibitoke, Mutakura, Kinama, Kanyosha et Bwiza, où vivent de nombreux Congolais. Des opérations de contrôle rigoureux ont été organisées porte à porte. Les autorités Burundaises exigent l’autorisation spéciale de circulation, communément appelée CPGL ( Communauté Économique des Pays de Grand Lac) Ceux qui ne disposent pas de ces pièces et ceux qui en ont subissent le même sort. Tous sont forcés de choisir entre deux options : rejoindre un camp de réfugiés ou être rapatriés à Uvira, en RDC.


« Nous avons traversé la frontière avec l’espoir de trouver un refuge sûr, mais on nous a directement placés dans un camion pour nous conduire dans un camp. Les conditions là-bas sont terribles. Nous n’avons pas de nourriture suffisante, pas d’accès à des soins de santé, et nous vivons dans une peur constante de ce qui pourrait arriver demain », explique Marie, une mère de quatre enfants rapatriée à Uvira après son expulsion du Burundi.

Hier ont nous a rapatrié à 21h à la frontière, nous qui avons décidé de rentrer au pays. Nous avons eu des difficultés pour rejoindre nos familles à Uvira vu l’insécurité qui prévaut ce dernier temps à Uvira. Précise un jeune homme dans la foule des gens rapatrié à Uvira

Certains jeunes congolais sont à la zone enfermé dans une grande salle sans aucune assistance, sans suite, alors qu'ils ont tous les documents exigés officiellement pour leurs séjours dans la capitale Burundaise. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux l'un d'eux confirme : Nous sommes ici depuis matin, il est déjà 20h30. On a pas bu ni manger depuis matin. Nous appelons les autorités Congolaise de nous venir en aide. Jusqu'à maintenant notre ambassade au Burundi n'est dit mot. Nous souffrons énormément aujourd'hui au Burundi.

Impact sur les étudiants congolais au Burundi

Les étudiants congolais vivant au Burundi ne sont pas épargnés. Ceux qui n’ont pas encore reçu leurs cartes d’étudiant sont particulièrement vulnérables pour cette condition exigée aux étudiants pour y rester suivre cours dans le cas contraire d’abandonner leurs cours pour être rapatriés à Uvira.

De plus, il est rapporté que certains responsables de quartiers exigent des sommes avoisinant 300 000 francs burundais (environ 40 dollars) pour permettre aux étudiants de rester sur le territoire, bien que ces frais ne soient pas officiellement reconnus par les autorités Burundaises Comme l’explique un étudiant de Kanyosha :

« On nous demande de payer une somme importante, mais cela ne garantit même pas notre sécurité. Nous ne savons pas si nous serons autorisés à rester ou si nous serons expulsés malgré tout. »

Un autre étudiant témoigne :

« Malgré la présentation de ma carte d’étudiant hier à la zone, on m’a donné un délai de trois jours pour quitter le pays. Nous sommes dans une situation de grande incertitude. »

Des mesures controversées et un avenir incertain

Les mesures prises par les autorités burundaises semblent parfois arbitraires et mal coordonnées, exacerbant la détresse des déplacés congolais et des étudiants. Ces politiques restrictives, combinées à des pratiques corruptives rapportées, compliquent davantage une situation déjà difficile pour les réfugiés et les populations vulnérables.

Face à cette crise, des interventions diplomatiques et des efforts régionaux concertés seront nécessaires pour protéger les droits des déplacés et des étudiants, et pour éviter une escalade de tensions dans une région déjà fragile.

En rappel, le conflit menace de dégénérer en guerre régionale. Avait affirmé le président burundais Évariste Ndayishimiye et qui a averti le Rwanda que « celui qui nous attaque sera attaqué » , tandis que Kigali poursuit son soutien au M23 pour étendre son influence dans les régions minières de l’Est congolais . La communauté internationale, bien que condamnant les violations, tarde à agir, malgré les appels de l’ONU pour des sanctions contre le Rwanda .

Alors que le président congolais Félix Tshisekedi promet une « riposte vigoureuse » , les populations civiles paient le prix fort. Entre les déplacés pris au piège, les étudiants expulsés et les risques sanitaires (choléra, malnutrition), la situation exige une réponse coordonnée et un renforcement de l’aide humanitaire. Les mesures restrictives du Burundi, bien que motivées par des craintes sécuritaires, risquent d’alimenter davantage la détresse des victimes de ce conflit aux ramifications complexes.


Pour la Rédaction, la source24


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