Sud-Kivu : Le Mouvement Citoyen « Machozi Ya Raïya » exige la fermeture des débits de boissons alcoolisées et des Nganda
Face à l’agression du M23 et à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, le mouvement citoyen Machozi Ya Raïya (MCMR) lance un appel urgent à la fermeture des débits de boissons fortement alcoolisées et des Nganda, qu’il juge « facteurs de débauche et d’espionnage ».
Dans une déclaration publiée ce 30 janvier 2025, le MCMR, basé à Uvira (Sud-Kivu), alerte sur les risques que représentent ces établissements pour la mobilisation patriotique et la sécurité nationale, en pleine guerre contre les rebelles du M23, soutenus par le régime du Rwanda. Le mouvement exige des mesures radicales, allant de la fermeture immédiate des lieux de divertissement nocturnes à la destruction des boissons alcoolisées populaires, en passant par le rapatriement des femmes rwandaises accusées d’espionnage.
Contexte : Une région en état d’urgence
Le Sud-Kivu et le Nord-Kivu subissent depuis des mois une escalade violente des combats entre les Forces Armées de la RDC (FARDC), les patriotes Wazalendo, et les rebelles du M23/AFC. Ce groupe, qualifié d’« agresseur » par Kinshasa et plusieurs rapports de l’ONU, serait soutenu militairement par le Rwanda, un pays voisin régulièrement accusé d’ingérence dans l’Est congolais. Dans ce climat de guerre, le MCMR dénonce un « relâchement moral » qui entraverait la résistance nationale.
Ivresse vs Patriotisme : Les arguments du MCMR
Pour le mouvement citoyen, les Nganda (bars-dancings) et les boîtes de nuit sont devenus des « distractions nuisibles ». Selon leur déclaration, ces lieux détourneraient la jeunesse congolaise de son « devoir de défense de la patrie », la plongeant dans l’alcoolisme et l’oisiveté. Le texte pointe également du doigt des soldats des FARDC qui fréquenteraient ces établissements, alors qu’ils devraient être « éveillés et prêts au combat ».
Parmi les cibles du MCMR figurent des boissons locales fortement alcoolisées comme le *Simba*, le *Kinsi*, ou encore le *Kamotomoto*, dont il réclame « la destruction pure et simple ». Le mouvement accuse ces produits d’être des « armes de destruction massive » contre la jeunesse.
Espionnage et femmes rwandaises : Une accusation lourde
L’une des exigences les plus polémiques du MCMR concerne le « rapatriement immédiat » des femmes rwandaises travaillant dans les Nganda, notamment à Bukavu. Le mouvement les soupçonne d’être des « espionnes » infiltrées pour le compte de Kigali. « Ces femmes exploitent la nuit pour collecter des informations sensibles et affaiblir notre résistance », affirme la déclaration, sans toutefois fournir de preuves tangentes.
Quatre mesures urgentes exigées
1. Fermeture des Nganda et boîtes de nuit (à l’exception des restaurants) ;
2. Expulsion des serveuses rwandaises « suspectées d’espionnage » ;
3. Interdiction totale des boissons alcoolisées citées, avec destruction des stocks ;
4. Implication des autorités pour appliquer ces sanctions.
Le MCMR appelle les gouverneurs, administrateurs territoriaux et services de sécurité à agir « sans délai ». « La survie de la nation est en jeu », insiste Mussa Ali Rutamu, coordonnateur provincial du mouvement.
Un appel à la mobilisation collective
Dans un vibrant plaidoyer, le texte enjoint la population à « remplacer l’ivresse par le patriotisme ». « Nos héros Wazalendo versent leur sang pendant que certains s’enivrent dans l’insouciance. Cela doit cesser ! », lance Rutamu. Le mouvement espère ainsi réveiller une « discipline collective » pour soutenir les troupes en première ligne.
Réactions en attente
À l’heure de la publication, aucune réaction officielle des autorités provinciales ou des exploitants de Nganda n’a été enregistrée. Les défenseurs des droits humains pourraient toutefois s’inquiéter des risques de stigmatisation des travailleuses rwandaises, souvent vulnérables.
Alors que la RDC traverse l’une des crises les plus graves de son histoire, le débat entre sécurité nationale et libertés individuelles s’invite une fois de plus dans l’espace public. Reste à savoir si ces mesures radicales seront suivies d’effets… ou de contestations.
Pour la Rédaction, Lasource24

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